Parcours Saint Germain
Atelier de céramique Fance Franck et Francine Del Pierre
47 rue Bonaparte
Exposition du 21 au 31 octobre 2014
Vernissage mardi 21 octobre de 18h à 21h
Suite au désistement de la marque, l’exposition d’Artus de Lavilléon qui devait se dérouler dans la boutique Ted Baker, l’artiste exposera ses œuvres à l’atelier de céramique Fance Franck et Francine Del Pierre.
« Je pense qu’il ne faut pas installer les sarcophages de valeur ». Kazimir Malevitch, Sur le musée, février 1919.
Quand les organisateurs du Parcours Saint-Germain sont venus me proposer d’exposer dans une boutique sans savoir que ce choix avait été pendant des années au centre de ma pratique artistique, j’avais déjà commencé à prendre du recul par rapport aux liens qui peuvent parfois unir les marques et les artistes.
Dans mon idée, exposer en dehors des lieux institutionnels voulait dire créer potentiellement une rencontre, qui, par son caractère fortuit, puisse avoir un impact déstabilisant sur un public pas forcément acquis à la cause artistique et centré sur des volontés de consommation. Avec la généralisation de ce genre de spectacle contemporain, une telle rencontre me paraît aujourd’hui impossible, car l’idée même de spectacle désamorce totalement toute volonté de créer quelque chose qui se situe à la marge de deux univers censés être antinomiques.
Parler de marché de l’art, ou d’art utilisé à des fins commerciales est plus qu’admis et ensencé par une presse souvent bloquée par ses relations avec ses annonceurs. Avec la création de concepts stores liés à l’art, L’épicerie, Nim, mon installation dans les vitrines du Printemps ou mon enfermement volontaire dans une surface restreinte au sein du magasin Citadium, j’ai essayé de proposer une alternative aux expositions dans des galeries en fond de cour avec plus ou moins de succès – je parle ici d’autres installations moins connues, souvent ambitieuses, dans des magasins sans aucune couverture médiatique qui se focalisaient sur leur désir d’attirer journalistes et gens de l’art pour mieux vendre leurs produits – ce qui a rarement marché.
Pour qu’une telle association soit perçue à la fois comme de l’art et comme un marketing positif encore faut-il que chacun des participant joue le jeu d’une façon qui ne laisse aucun doute sur leur détermination à collaborer – ce qui est loin d’être mon cas.
Proposer une alternative aux galeries ne veut absolument pas dire accepter en bloc ce que le marché a de pervers. Dire que les marques influent toujours sur le travail de l’artiste serait faux, mais on assiste à une autocensure généralisée qui fait que la plupart des œuvres montrées dans ce cadre ne font plus que semblant de jouer d’une double nature dont le but, s’il peut-être encore intellectuellement satisfaisant, a perdu tout son caractère subversif. Comme si faire partie d’un certain réseau dépassait la valeur réelle de certaines œuvres. Parler d’Esthétique relationnelle plutôt que d’Art posthume, c’est inscrire un présent sûr de lui et de ses droits, qui pourtant, ne vaut rien sans recul dans le temps.
Quand Malevitch parle de « briser l’anneau de l’horizon » (Zero dix), ou d’exposer « en dehors des Mecque pour la prosternation » (Sur le musée), entre 1915 et 1919, il s’inscrit dans un art révolutionnaire dont le but est de changer le monde et de modifier les façons de le percevoir. C’est dans cette perspective-là que j’ai envie de m’inscrire, non dans celle d’une lecture cynique (et erronée) d’un Duchamp nous apprenant à voir le caractère sacralisant de lieux pensés comme des marques dont l’aval justifierait tout.
Les collaborations entre artistes et marques ne peuvent être valables qu’après la reconnaissance totale et sans rémission de la supériorité de l’homme sur les produits. Non sa soumission à l’idée que sans mécènes et sans musées, sans galeries ni boutiques, l’art n’existerait pas.
He is not just a self declared Genius
Exposition du 11 octobre au 22 novembre 2014
Nocturne le jeudi 23 octobre de 18h à 22h
Artus présentera pour la première fois les 260 livres originaux issus de son archivage du quotidien
Été 2005, je pars faire la traversée des États-Unis avec deux amies. Sur la route 66 et ailleurs, je collecte des phrases, des images, et des morceaux de conversations que j’associe en vue d’une exposition à New-York. Puis je range le projet dans un carton que j’oublie. 6 ans plus tard Jessica, mon amie, me demande ce qui se trouve dans ce carton poussiéreux avant de me dire que ce travail préfigure tout le reste.